Depuis fin 2023, deux hôtels – quatre et cinq étoiles – ont ouvert leurs portes à quelques centaines de mètres l’un de l’autre dans le quartier d’affaires de la Gombe à Kinshasa. Malgré la concurrence, les deux établissements semblent avoir trouvé leur clientèle. Et de nouvelles marques arrivent.

En quelques mois, deux nouveaux établissements prestigieux ont redessiné le paysage hôtelier de la RDC. Le Hilton, inauguré en août 2023, est le troisième hôtel cinq étoiles de la ville, avec 178 chambres dont 13 suites, complétant le Pullman Grand Hôtel et l’emblématique Fleuve Congo. Quant au Novotel de 115 chambres du groupe Accor, qui a ouvert ses portes en septembre 2023, soit deux mois avant son inauguration officielle, la gérante Binta Bocoum se targue d’être « le premier hôtel quatre étoiles de marque internationale à Kinshasa ».

Les nouveaux venus, situés à quelques centaines de mètres les uns des autres dans le quartier d’affaires de la Gombe, sont les premiers établissements de leurs enseignes respectives à ouvrir dans la capitale congolaise. Leurs premiers mois d’activité ont été encourageants. Marc Frère, directeur du Kinshasa Hilton, affirme que le lancement a été « bien au-dessus des attentes » de ses équipes, en grande partie grâce à l’élection présidentielle du 20 décembre.

« Décembre a certes été un mois actif, mais janvier a été plus calme. Les incertitudes liées à la composition du futur gouvernement ont quelque peu ralenti les mouvements des porteurs de projets», explique le directeur du Novotel, qui rapporte que l’activité a repris en mars alors qu’un avril a été très animé, l’hôtel atteignant un taux d’occupation de 85%.

Le Novotel a été à l’honneur le 29 avril lorsque Daniel Bumba Lubaki, qui séjournait à l’hôtel, a été élu gouverneur de la ville et de la province de Kinshasa. Une foule s’est rapidement formée autour de l’hôtel.

« Nous avons dû fermer les portes pour assurer la sécurité de nos clients », raconte Bocoum.

Les investisseurs indiens à bord

Le Hilton’s Frère est également familier avec ces questions de sécurité. « Le Kinshasa Hilton a été pensé et conçu selon des règles et des standards très stricts », précise-t-il. Celui-ci comprend un système vidéo pour assurer le calme et la tranquillité d’une clientèle en quête de discrétion. Cette clientèle, « représentative du marché local », comprend des membres de délégations ministérielles, des institutions, des ONG et des entrepreneurs privés.

Comme c’est souvent le cas, la gestion et la propriété du Hilton sont distinctes. Si Modern Construction, de l’homme d’affaires indien Harish Jagtani, est propriétaire de l’hôtel, celui-ci est géré par Valor Hospitality, un spécialiste américain du secteur présent depuis une décennie en Afrique du Sud mais qui fait sa première incursion en Afrique centrale.

Le Novotel, géré directement par Accor, a été construit par la Compagnie Hôtelière et Immobilière du Congo (CHIC), une société dirigée par les cousins ​​Sajid et Rahim Dhrolia, issus d’une des plus puissantes familles indiennes du pays, et Khalil Manji, un ancien banquier. qui s’est tourné vers l’immobilier.

CHIC fait référence à un partenariat à long terme avec Accor, pour lequel il prévoit également d’ouvrir davantage d’hôtels Novotel, un à Lubumbashi (avant la fin du deuxième trimestre), un autre à Kolwezi (à la fin de l’année), ainsi que un Ibis Styles à Kinshasa (au deuxième trimestre 2025) et un Ibis à Goma (au troisième trimestre 2025).

La concurrence est en route

Mais Hilton et Accor ne resteront pas longtemps les petits nouveaux de Kinshasa. Plusieurs autres hôtels milieu et haut de gamme devraient ouvrir leurs portes dans la mégalopole congolaise dans les prochains mois, dont un Marriott, issu du projet de place financière soutenu par Milvest, ainsi qu’un Golden Tulip et un Kertel Hôtel, qui devrait être livré cette année à la société de gestion hôtelière Aleph Hospitality, basée à Dubaï, un acteur émergent sur le continent qui compte neuf établissements ouverts et quatre en préparation en Afrique subsaharienne.

Le groupe nigérian W Hospitality, qui dresse chaque année une liste de projets hôteliers de chaînes internationales, compte 10 contrats en RDC, dont sept dans la capitale.

La concurrence ne fait pas peur aux nouveaux arrivants. « Kinshasa a un potentiel incroyable », déclare Frère. Bocoum du Novotel est du même avis : « La demande est forte et il y a encore de la place. » Cela est d’autant plus vrai que la ville s’est largement stabilisée depuis la première visite de Bocoum dans le pays en 2015, lorsque Pullman a ouvert ses portes.

Cependant, Ward de W Hospitality affirme qu’en moyenne, les projets à Kinshasa mettent plus de temps à se concrétiser qu’ailleurs. Certains des projets identifiés par sa société, comme le Novotel Lubumbashi, l’hôtel Noom à Kinshasa ou le Garden Inn (une autre enseigne Hilton), ont été signés depuis les années 2010 mais restent bloqués en phase de planification.

Un lieu de rencontre local pour les internationaux

En attendant, le Hilton et le Novotel capitalisent sur l’avance qu’ils ont pris sur leurs futurs concurrents et mettent en avant leurs styles architecturaux et leurs prestations. Frère vante l’impressionnant atrium du Hilton, qui emmène les clients « non pas à Kinshasa mais à Dubaï », avec une chambre moyenne de 40 m2.

Il a également évoqué ses différents espaces de restauration (deux bars et trois restaurants), ses soirées animées au bord de la piscine, ses concerts live hebdomadaires et ses soirées mensuelles « Cognac et Cigares », qui contribuent à la réputation animée de Kinshasa. « Et bien sûr, le 30 juin, nous célébrerons l’indépendance de la RDC dans une ambiance festive dans tous nos bars et restaurants », précise Frère.

Quant au Novotel, « il bénéficie du design le plus récent de la marque et tire le meilleur parti du bois et des matériaux écoresponsables, offrant un concept raffiné adapté à une ville dynamique », précise Bocoum, qui tient également à évoquer l’architecture high-tech. équipements des espaces de travail mobiles de l’hôtel.

Avec 350 salariés au Hilton et 115 au Novotel, ces ouvertures d’hôtels ont également eu un impact positif sur le marché de l’emploi local.

“C’est un signal fort pour le développement du tourisme”, estime la directrice du Novotel, qui estime que 35% de sa clientèle est congolaise, le reste venant majoritairement du marché régional mais aussi de France, du Royaume-Uni, de Belgique, du États-Unis et Turquie.

Source : https://www.theafricareport.com